jeudi 10 juin 2010

eglises methodistes

LES EGLISES METHODISTES

Les Eglises méthodistes sont issues de la prédication de John Wesley (1703-1791) et Charles Wesley (1707-1788). L'épithète "méthodiste" est un sobriquet utilisé par les étudiants d'Oxford pour se moquer de la dévotion "méthodique" des premiers adeptes. John Wesley en particulier fut le fondateur du mouvement. Fils de pasteur, élevé par une mère remarquable, il fit de brillantes études à l'université d'Oxford et se réunit avec quelques autres étudiants, dont son frère, pour lire des ouvrages de piété, notamment l'Imitation de Jésus-Christ. On nomma leur groupe le "club des saints". Après deux années passées en Géorgie comme missionnaire parmi les Indiens, Wesley revint en Europe et fréquenta un certain temps les Frères moraves. Ayant entendu lecture du commentaire de Luther de l'épître aux Romains, il se mit à prêcher ici et là la justification par la foi seule, doctrine dont l'Eglise anglicane avait perdu jusqu'au souvenir. Chassé de l'Eglise, il prêcha dans les rues, allant de ville en ville en Angleterre, en Irlande et au Pays de Galles. Il fonda la Revue Arminienne où il défendit avec véhémence la conviction que Jésus est mort pour tous les hommes, mais qu'il ne sauve personne sans son consentement. Son frère Charles est plus spécialement connu pour les nombreux hymnes et cantiques qu'il composa.
Rejeté par le clergé anglican, le méthodisme fut avant tout un mouvement de laïcs. Certains adeptes quittèrent l'Angleterre pour s'installer aux Etats-Unis où ils fondèrent une Eglise que John Wesley aida à organiser. Il y consacra même évêques deux de ses prédicateurs, ce qui fait que le méthodisme américain est devenu en grande partie épiscopalien, alors qu'en Grande-Bretagne il est resté presbytérien. Ce n'est du reste qu'après la mort de John Wesley qu'il se détacha de l'Eglise Anglicane, laquelle ne fit rien pour le retenir. Puis au cours du XIX° siècle, des divisions et subdivisions se manifestèrent ici et là dans ses rangs, tant en Angleterre qu'ailleurs dans le monde. Il existe aux Etats-Unis différentes Eglises méthodistes qui sont loin de partager les mêmes doctrines, mais qui cherchent depuis un certain temps à se rapprocher.
Dès ses débuts, le méthodisme, né du peuple, se préoccupa des déshérités en tous genres, prisonniers, malades et pauvres qu'on visitait régulièrement. Il attira à lui des ouvriers en grand nombre et lutta pacifiquement pour leur bien-être, ce qui fait que les syndicats durent beaucoup à son influence sur la société de l'époque. C'est pendant la révolution française que quelques prédicateurs méthodistes anglais, conduits par Charles Cook, visitèrent les îles anglo-normandes où on parlait le français à l'époque, la Normandie et la Bretagne pour y annoncer la bonne nouvelle. De là ils essaimèrent dans le Gard, les Hautes-Alpes et la Drôme. L'évangélisation méthodiste aida puissamment au réveil des Eglises réformées de France. En 1870, le méthodisme y possédait 184 lieux de culte desservis par une trentaine de pasteurs et une centaine de prédicateurs laïcs. Il se tint toutefois à l'écart des Eglises réformées, convaincu comme les Eglises Libres de l'époque que l'Eglise doit rester séparée de l'Etat. S'il périclita numériquement par la suite, c'est parce qu'après la séparation de l'Eglise et de l'Etat, de nombreux méthodistes finirent par rejoindre l'Eglise réformée. Il y a dans l'actuel pastorat réformé français de nombreux descendants de méthodistes.
On compte environ 25.141.000 membres dans le monde et autant de sympathisants, dont 15.499.000 aux Etats-Unis (Mexique inclus), 4.024.000 en Asie, 3.262.000 en Afrique et 690.000 en Europe. En France, ils sont dans les 5.000, avec 33 lieux de culte. Il existe chez nous deux branches de méthodistes: l'Union de l'Eglise Evangélique Méthodiste en Alsace-Lorraine, reliée à la Suisse et membre de l'Eglise Méthodiste Unie, et l'Eglise Evangélique Méthodiste de France implantée dans le Midi, qui refusa d'entrer en 1938 dans l'Eglise Réformée de France.
Wesley, d'inspiration calviniste, y compris dans les sacrements qu'il conçoit volontiers comme des moyens de grâce, est arminien dans les doctrines de la prédestination, du libre-arbitre, de la conversion et de la sanctification. Il souscrivait aux Trente-Neuf Articles de l'Eglise Anglicane qu'il résuma en 24 articles pour les Eglises méthodistes d'Amérique. Cependant l'enseignement méthodiste a trouvé son expression officielle dans la prédication de Wesley, notamment dans 53 sermons choisis par lui, édités et traduits en diverses langues dont le français (1888). Cette prédication, insistant sur la décision de l'homme devant un Dieu qui veut son salut et lui tend la main, tournait autour de trois pôles: la repentance par laquelle on se reconnaît coupable devant le Seigneur, la foi en Christ Rédempteur du monde et la nécessité pour le chrétien de marcher dans la sanctification.
Le salut est présenté comme universel, libre, certain et total. Selon Wesley, il n'a pas été seulement acquis à tous, il est aussi apporté à tous, même à ceux qui n'entendent pas l'Evangile. Tous les hommes qui obéissent à l'"Evangile" selon la mesure de lumière qui leur est accordée sont dans le Royaume (salut universel). Cela signifie bien sûr que l'homme n'est pas totalement corrompu, mais libre d'accepter ou de rejeter l'Evangile (salut libre). Wesley écrit à ce sujet:

"L'homme a la liberté de volonté, non pas naturellement, mais par grâce. Nous croyons qu'au moment où Adam pécha, il perdit le libre-arbitre, mais que Dieu, quand par pure grâce il lui donna, à lui et à sa postérité, la promesse d'un Sauveur, rendit aussi par grâce au genre humain la liberté et le pouvoir d'accepter le salut offert" (Sermon sur Philippiens 2:12.13, in Works, VI, p. 512).
D'autre part, le Saint-Esprit donne directement au croyant la certitude du salut (salut assuré). Mais le centre de gravité de la théologie wesleyenne est la doctrine du coeur pur (salut total). La perfection chrétienne est définie dans la théologie méthodiste comme l'aptitude de l'homme à surmonter progressivement toutes les inclinations au mal et à parvenir à la perfection. C'est la doctrine bien connue de la sanctification parfaite, caractéristique du méthodisme.
Voici comment s'exprime Wesley:

"Nous affirmons qu'un chrétien peut être parfait au point de ne pas pécher. C'est là le glorieux privilège de tout chrétien, même de celui qui n'est qu'un enfant en Christ. Mais c'est seulement de ceux qui sont forts dans le Seigneur, qui ont "vaincu le malin", ou plutôt de ceux qui ont "connu celui qui est dès le commencement" qu'on peut affirmer qu'ils sont parfaits, en ce sens qu'ils sont exempts des mauvaises pensées et des mauvaises dispositions" (Sermon sur la Perfection Chrétienne, in Sermons Choisis, II, p. 101).
Cette perfection chrétienne n'empêche pas le croyant de commettre des péchés involontaires, souvent dus à l'ignorance. Mais, dit Wesley,

"vous pouvez, si bon vous semble, les appeler des péchés. Quant à moi, je ne le fais pas" (Works, XII, p. 241).
Les Eglises méthodistes, dirigées en Amérique par des évêques et en Angleterre par des surintendants, sont de structure presbytérienne dans la mesure où la voix des laïcs y tient une large place. Le méthodisme, en tout cas le méthodisme américain, s'est laissé grandement influencer par la théologie libérale. Il adopta en 1907 un Credo Social, lequel se transforma en une Discipline of 1944 qui fait obligation à l'Eglise d'aider la société à résoudre ses problèmes économiques, sociaux, moraux, politiques et industriels (tensions entre les classes sociales, inégalités raciales, problèmes liés à l'agriculture et à l'industrie, lutte contre l'alcoolisme et l'exploitation des enfants par le travail, etc).

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